‘Her’, ou l’émotion suscitée par la technologie

J’ai vu le film Her, de Spike Jonze il y a quelques mois, et depuis Bjork et son monde de robots, jamais les technologies ne m’avaient parues aussi justes à l’écran.

Au delà de l’histoire de romance (un homme tombe amoureux d’un être virtuel), au delà d’avoir eu l’audace de recruter Scarlett Johanson pour n’en utiliser que la voix, la vision que porte S.Jonze sur la technologie à venir est juste, et crédible.
Il se base sur les technologiques actuelles (portables, contrôles des machines par la voix, wii, etc), et leur prédit un prolongement logique, base de son histoire.

Quelques faits qui m’ont marqué, dans ce futur technologiquement réaliste :

  • Si un homme tombe amoureux d’une machine dans un futur proche, ce n’est pas d’un robot « simili humain », ni d’un soft, mais bien d’un OS. Le système d’exploitation est naturellement la couche la + évolutive, qui « vit » et régit le hardware.

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  • Toutes les interactions digitales se font à la voix. Qu’il s’agisse de traitement de texte, d’envoyer des emails, de converser. Le clavier n’est plus.
  • En histoire secondaire, le héros se retrouve à jouer à un jeu vidéo. Là aussi, la forme est pertinente : l’écran à jouer ressemble à une projection de vidéo-projecteur, avec beaucoup de profondeur. De la 3D ‘réelle’. Et l’interaction se fait uniquement à la main (agiter les mains pour courir, etc), et à la voix (discuter avec les personnages du jeu). Aucune manette.

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  • Si le personnage principal tombe amoureux de son OS, il tombe avant tout amoureux d’un système configuré pour lui plaire (centres d’intérêts, niveau d’intimité, types de paroles, etc). Une logique de personnalisation très informatique.
  • Un vrai travail de recherche ergonomique à été fait pour designer ce à quoi devait ressembler visuellement « l’OS ». Évidemment, il est sobre et plutôt flat design. C’est l’air du temps qui veut ça.

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  • Au démarrage de l’OS, l’assistante virtuelle (futur coup de coeur) propose de prendre en main l’ordinateur comme chacun de nous le souhaiterait : suppression de tous les emails inutiles. Filtre et réponses automatisées de tous les emails de 2nde zone. Lecture des emails importants uniquement.
    + gestion automatique des photos, index, archivage, etc. Un exemple très « Gmail-ien » : l’assistante virtuelle propose de jeter automatiquement un type de newsletter. Le héros proteste. L’assistant lui indique qu’il ne la lit jamais. Soit.
  • Le device qui personnifie l’amoureuse virtuelle au quotidien est majoritairement le téléphone portable, que ce soit chez le héros (on aurait pu penser à une tablette, ou des lunettes), comme en extérieur, le héros l’amène partout. Même si on comprend que le device principal « d’installation » reste le desktop.
  • Niveau sociabilisation, la technologie semble dans ce film + isoler les gens, que réellement les rassembler. En proposant tout un monde -qui semble très humain- à portée de main, la technologie rend inutile la plupart des contacts. Les contacts physiques notamment.
  • Enfin, la relation qu’entretient le héros avec son OS devient vite officielle et publique. Comme si la société avait intégrée cette possibilité. Tout le monde ne l’accepte pas, mais comme toute relation hors norme aujourd’hui, pas au delà. Qu’il s’agisse de sorties à 2 (le héros amène le portable dans sa poche, caméra devant), ou à 4 avec des amis, la relation virtuelle fait réellement son entrée dans la société quotidienne.

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Tout cela me semble juste. Technologiquement crédible. Au-delà de conjuguer émotion et technologie, « Her » nous questionne. Autant du coté #geek que du coté #humain.